Revue Archéologique de Picardie n° 3/4 - 1986

ÉTUDE D'UNE SERIE D'ÉPINGLES POST-MÉDIÉVALES DÉCOUVERTES A LAON (AISNE)

par Jean-Pierre JORRAND*

Introduction

En 1985, une petite fouille de sauvetage a été effectuée à Laon (Aisne), sur la place du Marché aux Herbes, à environ 60 mètres au sud-ouest du porche de la cathédrale. Nous avons fouillé en partie deux caves ainsi qu'une fosse. Les remblais d'occupation de ces structures sont datés par les monnaies qu'ils contenaient : de la fin du XVème siècle et du début du XVIème siècle. Ces contextes, et principalement celui de la cave est, ont fourni plus de 1 50 épingles en bronze dont 113 étaient intactes. Nous avons décidé d'étudier cette série car il y a eu fabrication sur place.

Rappelons la méthode de fabrication, telle qu'elle est décrite dans Y Encyclopédie de Diderot et d'Alembert. Il y a d'abord dressage du fil puis coupe en «tronçons» de 3 à 4 épingles. Ces tronçons sont appointés aux deux extrémités. On coupe à un bout (tronçon de trois) ou aux deux (tronçons de quatre) une ou deux épingles. Le reste du tronçon est de nouveau appointé et coupé en deux. On obtient ainsi 3 ou 4 tiges d'épingles déjà pointues. Pendant ce temps, le fil destiné aux têtes a été roulé en hélice ; la «moulée» ainsi obtenue est coupée en tronçons de deux spires, ce qui donne les têtes. Enfin, celles-ci sont montées sur les tiges et frappées. Suivent diverses opérations de finition.

Étude technique

Le fil

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Les fils de bronze utilisés pour la fabrication des épingles ont un diamètre compris entre 0,5 et 1,7mm. Nous avons retrouvé, lors des fouilles, des morceaux et chutes de mêmes calibres.

Coupe des tiges

Les fils destinés aux tiges étaient coupés à la pince. Certaines épingles en portent la trace très nette, près de la tête (fig. 1).

Pointes

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Le plus souvent les facettes d'appointage sont bien visibles (fig. 2). La section de la pointe est en

Têtes

Montage des têtes

Frappage des têtes

Étude statistique

losange, ou en ellipse, selon la qualité de la finition. L'angle de la pointe est d'environ 1 5 degrés.

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Le niveau qui a donné le plus d'épingles a également donné une hélice en fil de bronze de 25mm de long et de 2,1mm de diamètre. Le trou central mesure 0,9mm et le fi! a un diamètre de 0,6mm (fig. 3). Ces dimensions sont très fréquentes dans les têtes. Il est presque certain que cette hélice est un fragment de moulée dans laquelle étaient coupées les têtes. Nous avons trouvé également des têtes isolées qui ont été jetées ou perdues avant d'être montées. On voit sur la figure 3 la trace qu'a laissé la cisaille ainsi que la déformation qu'elle a fait subir aux spires. Dans 96 % des cas de têtes montées, on compte entre deux et deux spires et demi. Dans 60 % des cas il y en a exactement deux. Pour plus de 96 % des têtes, le pas de l'hélice est à droite (c'est le cas sur la figure 3 à l'exception de la tête centrale).

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Ici, deux éléments contradictoires nous empêchent de connaître l'ordre des opérations de montage. La découverte d'un fil sur lequel sont montées deux têtes, dont une martelée laisserait supposer que les épingles n'étaient coupées qu'après montage de plusieurs têtes sur un fil asse7 long (fig. 4). En revanche, plusieurs tiges intactes, mais sans tête ou à tête mal placée et non frappée, permettent de considérer que les têtes étaient placées sur des tiges finies, c'est-à-dire appointées et coupées à la bonne longueur. Cette méthode correspond à celle décrite dans l'Encyclopédie (fig. 5).

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La dernière opération, avant la finition, consiste à frapper les têtes. Ceci permet de les fixer solidement sur la tige et de leur donner une forme à peu près sphérique. Environ 32 % des épingles trouvées n'avaient pas été frappées (fig. 6 à droite) et 62 % étaient totalement finies.

Sur 1 13 épingles, 67 % proviennent d'un même contexte alors que les 33 % restant viennent de 1 1 niveaux différents. Cependant, l'étude, tant

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